Les auxiliaires, alliés de nos cultures

(article paru dans la revue: LeP’tit Jardinier et complété par Colibri33)

La nature a su composer un équilibre fragile entre les organismes vivants qui, pour différentes raisons, pas forcément liées à l’activité humaine, peut être rompu. Si l’on ne fait rien, après une phase d’infestation intensive, le ravageur ou parasite réduit le plus souvent sa population de façon naturelle, soit par manque de nourriture, soit parce qu’un prédateur ou un parasite du nuisible s’est développé à son tour. Ces organismes portent le nom d’auxiliaires de nos cultures. Pour les préserver, l’emploi des pesticides doit être très limité et même totalement proscrit dans le cas d’une culture biologique.

Les prédateurs naturels:

Pour favoriser la présence de prédateurs naturels, le jardin doit constituer un milieu varié où chaque organisme est contrôlé par son propre ennemi.

Cela suppose de diversifier les familles de végétaux, les variétés de légumes, de mettre en place des plantes qui attirent les insectes…

En effet beaucoup d’auxiliaires se nourrissent de nectar et de pollen et sont attirés par le parfum des fleurs. Les cultures associées de légumes et de fleurs favorisent, par exemple, les syrphes et les chrysopes dont les adultes consomment le nectar des fleurs. Les oiseaux jouent également un rôle non négligeable dans l’élimination des insectes nuisibles.

Apprenons à les connaître:

Le syrphe:

Il fait partie de l’ordre des Diptères comme la mouche mais son corps zébré de rayures noires et jaunes rappellent davantage la guêpe. Il est reconnaissable grâce à son vol stationnaire et à ses mouvements brusques. Il mesure 1 cm de long ainsi que la larve. C’est elle qui se nourrit des pucerons. Elle ressemble à un asticot, sans patte, de couleur vive vert ou jaune avec des marqùes foncées sur le dos.

La coccinelle:

Son action prédatrice auprès des pucerons et des cochenilles est connue de tous. Certaines espèces se nourrissent aussi de cochenilles, d’autres d’acariens. La larve joue aussi un rôle d’auxiliaire. Elle mesure jusqu’à 15 mm de long, son corps et sa tête bleu noir sont tachetés d’orange. Elle possède 3 paires de pattes et des soies noires sur les côtés.

Préservez des zones où le gazon n’est pas coupé afin de créer des abris pour les adultes pendant l’hiver.

Le carabe:

C’est un coléoptère noir de 2 à 3 cm de long qui vit dans le sol. Certains, comme le carabe nomade, volent. L’adulte et la larve sont carnivores et se délectent de limaces, d’escargots et de chenilles.

Leur présence est favorisée par le paillage du sol et par un bêchage limité.

La scolopendre:

Elle se distingue du mille-pattes par son unique paire de pattes par segment. Elle se déplace aussi beaucoup plus vite. Elle est très utile pour éliminer les oeufs d’insectes et les limaces.

Grenouilles et crapauds:

Ces batraciens insectivores se nourrissent de nombreux ravageurs. La présence d’une mare à proximité est un plus, mais les adultes savent se contenter d’un endroit frais et abrité comme une tuile ou des rondins de bois.

Les pesticides:

Les pesticides sont élaborés à base de produits de syn­thèse. Ils ont un effet immédiat intéressant mais leur action, non sélective, fait que les infestations suivantes évoluent en s’aggravant. En effet les auxiliaires sont plus sensibles à ces produits que le ravageur visé.

Ce dernier a pu acquérir des formes de résistance dues à l’emploi répété d’une même matière active. Les produits autorisés pour la culture biologique sont issus de plantes ou de minéraux. Ils ne sont pas pour autant inoffensifs, le respect des doses et des dates d’application est indispensable !

Apprenons à les connaître (suite):

Le chrysope:

C’est un insecte volant qui mesure 15 mm de long, facilement identifiable grâce à ses ailes irisées, un corps vert doré brillant et de longues antennes.

L’adulte se nourrit de miellat et de nectar. Il pond ses neufs sur des colonies de pucerons ou de thrips que la larve dévore (jusqu’à 300 individus au cours de la croissance de la larve). Celle-ci mesure 10 mm, de couleur brune, elle possède trois paires de pattes bien développées avec des soies le long de l’abdomen et des mandibules impressionnantes.

L’installation de nichoirs au mois d’août favorise l’hivernage des adultes.

Pour fabriquer un nichoir à chrysopes:

Il suffit de couper le fond d’une bouteille en plastique de 2 l.

Enroulez un morceau de 1 m de carton ondulé que vous glissez dans la bouteille. Retenez le carton en faisant passer un fil de fer dans le fond de la bouteille.

Fixez la bouteille dans la ramure d’un arbre.

Les oiseaux:

Non seulement, leur chant n’a pas d’égal pour égayer un jardin mais ils sont en plus des chasseurs très actifs d’insectes, de larves et de limaces. Si le jardin n’a pas beaucoup d’arbres, placez des nichoirs avec des graines pour l’hiver. Un couple de mésanges bleues consomme jusqu’à 8000 insectes par couvée !

S’ils sont gênants localement et momentanément: pour les cerises à maturité par exemple, employez des objets qui peuvent les éloigner, tels que des mobiles de formes et couleurs inquiétantes, une statut de hibou.

Ou des filets de protection sur les arbres attirants.

Les oiseaux en hiver:

en cas de grands froids et de gelées,

leur fournir des aliments riches: saindoux, graines de céréales, fruits et fruits secs;

éviter: -tous les aliments épicés ou salés, tels que lard, cacahuètes, pistaches;

-tous les aliments déshydratés, tels que la noix de coco rapée, les graines de lin, le pain sec;

penser à leur fournir de l’eau, pour qu’ils puissent boire et se toiletter; surtout en hiver où ils

meurent plus de soif que de faim;

ne prolongez pas le nourrissage au printemps: janvier et février sont les plus difficiles pour les oiseaux; ensuite la nature reprend ses droits; vous pouvez les inciter à charmer votre jardin en installant des nichoirs;

ne les empoisonnez pas en été en employant des pesticides: soyez cohérents et donc bio en été aussi!.

Le hérisson:

Il se nourrit de coléoptères, de larves d’insectes, de nématodes, de limaces, d’escargots et de petits rongeurs. Il s’attaque rarement aux plantes.

Vous pouvez fabriquer un abri en bois que vous poserez dans un endroit frais et abrité. Mettez des morceaux de lard à la fin de l’été pour l’attirer. Le hérisson se satisfait aussi d’un amas de bois posé au pied d’une haie et de quelques feuilles sèches pour faire son nid. Des bûches couvertes d’une bâche peuvent aussi faire son affaire.

Un conseil: comme le hérisson a le foie sensible, évitez de lui donner du lait ou du pain, qu’il ne supporte pas. Préférez les croquettes pour chat.

De même, ne posez pas de pièges à bière contre les limaces, qui serait accessible aux hérissons.

Et si vous voulez en savoir plus: http://www.herisson.nom.fr ou Sanctuaire des Hérissons 7 rue de La Noye 80440 Fouencamps.

Le lézard:

Les lézards sont utiles pour lutter contre les acariens (araignées rouges et jaunes) et les pucerons. Posez quelques grosses pierres sur lesquelles ils pourront se réchauffer et s’abriter. Beaucoup d’autres auxiliaires apprécient des endroits secs et chauds.

Des abris pour animaux utiles:

Il suffit souvent d’un tas de rondins, d’un lieu de compostage, d’un paillis sur le sol et de végétaux touffus.

La présence d’une haie diversifiée avec des feuillus, des arbustes à baies et à fleurs attirent les petits animaux qui trouvent une protection contre les intempéries et les prédateurs. Les feuilles mortes leur per­mettent de construire des nids et d’abriter les larves dont ils se nourrissent. Attendez juillet-août pour tailler la haie afin de ne pas les déranger durant la nidification.

Notez que la présence d’une haie libre à proximité d’un verger permet de détourner l’appétit gourmand des oiseaux. Disséminez des mélanges de semences dans la haie pour plus de sûreté. La pose d’épouvantail et d’affolants doit se faire au dernier moment pour éviter qu’ils ne s’habituent.

Mettez à disposition un point d’eau pour permettre aux oiseaux de se baigner et se désaltérer.

Au sein de la pelouse, réservez des zones non tondues pour abriter coccinelles et amphibiens.

Des plantes qui abritent et nourrissent la faune des jardins:

Les arbres et arbustes de nos forêts sont d’une grande richesse pour les petits animaux : le noisetier, le hêtre, l’aubépine, le sureau, le charme, le prunellier, la viorne boule-de-neige…

Les grimpantes comme:

le chèvrefeuille, le lierre, la mûre, la vigne vierge et la clématite servent aussi de garde-manger et

de protection à la mésange et au roitelet.

Certaines plantes horticoles abritent et nourrissent les oiseaux comme le cotonéaster, l’amélanchier, le pyracantha, le troène, l’escallonia, le Prunus ‘Otto Luykens’, le berbéris.

Les massifs d’annuelles, plantés de tournesols ou de cosmos, sont très appréciés pour leurs graines à la fin de l’automne.

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