Lettre ouverte à l’Amazonie
Chère Amazonie,
J’ai entendu que tu n’allais pas très bien et que ces 3 derniers mois avaient été particulièrement durs
pour toi.
Et nous, nous sommes dans notre quotidien. Que va-t-on manger ce soir ?
Et pendant ce temps-là, tu brûles.
Que faire ce week-end? Où partir durant les prochaines vacances ?
Et pendant ce temps-là, tu brûles
Nous sommes dans nos préoccupations.
Tu brûles tous les ans, ça devient presque banal, normal.
Oui mais là, tu n’as jamais autant brûlé et tu brûles dans le plus grand silence.
Et que faisons-nous pendant ce temps-là ?
Des millions d’hectares dans plusieurs pays et nous ne sommes pas ou peu au courant. Des millions
d’hectare ça représente la taille d’un pays comme l’Irlande ou la Roumanie.
Tu brûles.
Et nous oublions à quel point nous avons besoin de Toi. Tu es essentielle.
Combien de feux faudra t-il encore pour faire fondre la glace de nos cœurs qui nous empêche d’être
passionnément amoureux de la vie ? Et courir vers Toi.
Que t’arrive-t-il chère Amazonie ?
Tu te situes dans la partie nord-ouest du continent sud-américain, en zone intertropicale, située
en grande partie au sud de l’équateur.
Tu t’étends sur neuf pays : la Bolivie, le Pérou, l’Equateur, la Colombie, le Venezuela, le Guyana,
le Suriname, la Guyane Française et principalement sur la partie nord-Ouest du Brésil.
Des incendies inédits te ravagent depuis août , te brûlant sur plusieurs millions d’hectares.
On recense 60 000 départs de feux dans tes forêts, essentiellement au Brésil, mais cela touche
d’autres pays :
Une zone comparable à la taille du Bélarus a brûlé au Brésil entre janvier et septembre de cette
année. Au total, 22,38 millions d’hectares ont, en effet, pris feu au cours des neuf premiers mois de
2024, soit une augmentation de 150% par rapport à la même période en 2023, indique le rapport de
MapBiomas.
En septembre, près de 318.000 hectares du Pantanal, la plus grande zone humide du monde, ont été
détruits par le feu, soit une augmentation de 662% par rapport au même mois de l’année dernière.
En Bolivie, au 8 octobre 2024, tu as perdu 10 millions d’hectares de ta belle forêt.
Afin de bénéficier de l’aide internationale, la Bolivie a déclaré le 8 septembre l’urgence nationale etle 30 septembre, l’état de catastrophe nationale. Le ministère de la santé a déclaré une alerte
sanitaire nationale.
Le pays a été confiné, écoles et aéroports fermés.
Mais Pourquoi ?
Tu auras sûrement du mal à le croire, chère Amazonie, mais c’est nous qui créons ta perte. C’est
nous qui allumons la plupart des feux.
Gagner de la Terre pour faire pousser du soja ou des céréales qui partiront à l’exportation pour
nourrir les animaux d’élevage en Europe permet de rapporter de l’argent.
Certaines techniques de nettoyage par le feu sont aussi en causes.
Et tout cela, mêlé à une année de sécheresse particulièrement intense accentuée avec le phénomène
d’El Nino, a fait que tu as brûlé avec une ampleur jamais encore vu.
Les gouvernements laissent faire car l’exportation semble, à leurs yeux, plus intéressante.
Et pourtant comme nous le rappelle ce proverbe indien :
« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors
vous découvrirez que l’argent ne se mange pas »
Chère Amazonie je te demande Pardon.
Oui mais tu es le poumon du monde et un berceau de Vie inestimable. Tu représentes le Vivant dans
toute sa splendeur.
Les premières conséquences de ces feux sont déjà bien tristes :
–Ta magnifique biodiversité est détruite, les animaux sont pris dans les feux.
–Des communautés qui vivaient en autonomie dans la forêt sont déplacées.
–Des problèmes sanitaires : La fumée est immense au-dessus de ces pays, certains ont dû évacuer.
S’exposer 30 minutes à cette fumée revient à fumer 400 cigarettes.
–Des tonnes de CO2 déversés dans l’air.
Nous sommes alors dans un cercle vicieux, tu brûles, des tonnes de CO2 sont dégagés dans l’air,
ceci active le réchauffement climatique, ce qui entraînera plus de sécheresse et donc plus de feu.
Nous oublions que nous sommes tous intrinsèquement liés et de ce fait nous en aurons tous les
conséquences.
Sortir de ce cercle vicieux ?
Nous vivons les pieds sur le goudron, la tête dans les écrans, notre cœur est pris en otage.
Nos modes de vie urbains nous coupent d’un lien avec la nature. Par protection aussi nous
entendons ce qui se passe et nous passons à autre chose, pour ne pas ressentir trop de tristesse. Et en
même comme nous l’explique l’ecopsychologie, c’est bien en accueillant notre peine que l’on trouvepar la suite en nous un élan de vie qui nous pousse à agir.
Quand j’étais jeune avec une amie nous avions fait une exposition photos sur le thème « de la vie
qui reprend ses droits ». Oui ! La vie reprend souvent sa place, d’une manière ou d’une autre. Par
contre les conditions de Vie risquent d’être modifiées.
Comme le dit ce conte que j’aime raconter : « s’il n’y a pas de bien, pas de mal ». J’ai l’espérance
que dans tes cendres nous trouverons ou retrouverons notre souveraineté au service de la Vie.
Nous sommes tous responsable du respect de la Vie sur Terre et du devenir de la Vie. J’ai espoir
qu’ensemble nous sortirons de ce cercle vicieux .
J’appelle chacun à faire un petit pas pour aider l’Amazonie
J’appelle à une solidarité internationale pour aider à éteindre les feux.
J’appelle à un élan international et une réelle volonté politique de protéger cette forêt
Avec tout mon amour, chère Amazonie, je te souhaite une vie éternelle.
Alexandra Dupart